Self-portrait Tuesday
Sur cette photo, j'ai 14 ans. A côté de moi se tient mon amie A. Nous sommes sur la terrasse de la maison de campagne de mes parents.
Nous avons fait connaissance en septembre 1970, au cours d'éducation physique. Nous étions en 6ème mais pas dans la même classe et, ce jour-là, des élèves de classes différentes se sont retrouvés autour du trampoline. Ni A. ni moi n'en avions jamais fait et c'est notre maladresse qui nous a rapprochée.
Nous sommes très vite devenues amies. Elle habitait dans une cité-jardin pas très loin de chez moi et nous passions notre temps à écouter de la musique dans sa chambre. Pourquoi chez elle plutôt que chez moi ? Parce que sa mère était plus aimable - ou, si vous voulez, moins autoritaire - que la mienne, tout simplement.
Nous sommes restées très proches pendant une bonne vingtaine d'années.
Je me suis éloignée d'elle après la naissance de sa 2ème fille. Je ne retrouvais plus mon amie dans cette jeune femme qui semblait uniquement préoccupée par les biberons et les langes, et qui n'avait plus que "mes filles ceci", "mes filles cela" à la bouche. Elle a rencontré d'autres mamans avec qui elle a pu à loisir parler de ses préoccupations maternelles qui, au mieux, ne m'intéressaient pas et, au pire, m'exaspéraient.
En 1994, elle a épousé le papa de ses petites filles et j'ai été profondément vexée qu'elle ne me demande pas d'être son témoin. Comme j'étais trop jeune pour l'être lors de son premier mariage (il fallait avoir 21 ans), elle m'avait promis qu'au cas où elle se remarierait un jour, elle ferait appel à moi. J'ai assisté à la cérémonie et ensuite à la fête en me demandant ce que je faisais là....
Entre les activités des petites, son mari et ses nouvelles amies, il n'y avait plus de place pour moi. Nous nous croisions de temps en temps puisque je travaille dans le quartier où elle habite et j'avais parfois de ses nouvelles par l'intermédiaire sa belle-mère qui était devenue cliente de mon patron. Elle ne m'a jamais cherché à me voir, et moi non plus.
Et puis, l'année dernière, elle m'a appelée pour me donner de ses nouvelles. Elle avait eu une attaque cérébrale et venait, après de longs mois d'absence, de reprendre son travail d'assitante sociale auprès d'une mutuelle. Dans son malheur, elle avait eu de la chance : elle s'était réveillée un matin, avec une sorte de voile noir devant les yeux. Son mari l'avait aussitôt conduite aux urgences et c'est là que son accident vasculaire s'était produit. Elle en avait gardé quelques séquelles, notamment au niveau de la marche, mais elle allait mieux.
Et puis, à nouveau, le silence.... Jusqu'à ce que, moi aussi, je tombe très malade et que je demande à mon homme de prendre contact avec elle pour m'aider à régler des détails administratifs, puisque je suis affiliée à la mutuelle où elle travaille.
J'ai passé 3 mois dans un hôpital où elle se rend plusieurs fois par semaine pour visiter des affiliés, et elle n'a pas eu le temps de passer me dire bonjour.
C'est dommage....